29 oct. 2007

Gouezec et la roche du feu

Gouezec
Gouézec viendrait de « Gouesnou », compagnon de saint Paul-Aurélien.
Démembrement probable de Briec, Gouézec, soumise à l’abbaye de Landévennec, est paroisse dès le XIe siècle. Gouézec est certainement une fondation monastique créée par un saint personnage du VIe siècle, comme le suggère une mention au XIIe siècle du « minihi » de son église. La paroisse de Gouézec dépendait autrefois de l'évêché de Cornouaille.
On rencontre les appellations suivantes : Vicaria Unoeduc (XIe siècle), Goethuc (XIIe siècle), Goezec (vers 1330), Goezeuc (en 1368). Le territoire a été occupé dès le néolithique comme en témoigne l'allée couverte de Kerriou. Il fut ensuite habité de façon continue. Un dépôt de haches à douille de bronze, un pied sculpté de l'âge de fer et les vestiges d'une voie d'époque en sont la preuve. Au XIXe siècle, la commune est réputée pour ses ardoisières qui ont été exploitées de 1830 à 1914.
Site
La Roche-du-feu (Karreg an tan) [modifier]
Sur les hauteurs de Gouézec, ce magnifique site classé, culminant à 281 mètres, offre un point de vue extraordinaire sur la vallée de l'Aulne, les monts d'Arrée (au nord) et la baie de Douarnenez (à l’ouest). Lors des invasions normandes et pour prévenir de l'arrivée des Vikings, un guetteur y allumait un feu qui pouvait s'apercevoir de toute la région du bassin de Châteaulin. Ce site fut donc appelé la Roche-du-feu ; en breton : Karreg an tan.

Monuments


L'église paroissiale
L'église Saint-Pierre (XVIe siècle). Édifice en forme de croix latine avec chœur légèrement débordant, elle comprend, outre la travée du clocher encastré, une nef avec bas-côtés de six travées terminée par une chevet droit. Deux chapelles en ailes forment faux transept au droit de la dernière travée. La sacristie date de 1724 et porte l'inscription "Missire Julien Gouezel, R. Laurans Briand. Fab. 1747". Le chœur date de 1899. Le clocher à deux galeries date de 1747. La chaire date du XVIIIe siècle. Le mobilier comprend un groupe de saint Yves (XVIIe siècle). La maîtresse vitre, datée de 1571, est ornée d'un vitrail consacré à la Passion : le carton de la maîtresse vitre de la Passion est attribué au graveur anversois Jost de Necker, peintre de l'empereur Maximilien à la cour d'Augsbourg. Parmi les statues, on trouve celles de saint Pierre, saint Corentin, sainte Catherine (XVIe siècle), saint Diboan en diacre, saint Yvi en évêque, saint Nicolas, la Vierge-Mère, un Ecce Homo, un Christ attendant le supplice.

Notre Dame de Tréguron La chapelle Notre-Dame-de-Tréguron (XVI-XVIIe siècle), fondation seigneuriale (Poulmic, La Bouexière, Coatanezre, Kervern). Reconstruite en grande partie au XVIIe siècle, elle comprend une nef avec collatéral nord et clocher gothique, un transept et une abside. Le chevet de type Beaumanoir date de 1653. La sacristie est datée de 1758. Parmi les statues, on trouve celles de Notre-Dame de Tréguron avec socle portant la date de 1654, un groupe de Sainte-Anne (XVIe siècle), saint Corentin, saint Éloi en pierre (XVIe siècle), sainte Catherine, sainte Marguerite, saint Joseph, saint François d'Assise et un beau crucifix du XVIe siècle. Pour en savoir plus :La chapelle de Tréguron par le texte et l'image

Chapelle des Trois-Fontaines
La chapelle Notre-Dame-de-trois-Fontaines (XVI-XVIIIe siècle), ancienne propriété de l’abbaye de Coat Malouen. L'édifice comprend une nef avec bas-côté nord de cinq travées, un transept séparé de la nef par un arc diaphragme et un chœur polygonal à noues multiples. Le clocher, terminé en dôme octogonal, s'amortit en lanternon : il est accosté au nord d'une tourelle d'escalier et a été refait à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle. La tribune en bois sculpté date de 1671. La peinture murale date du XVIIe siècle. La verrière de la Transfiguration date du XVIe siècle : on y voit aussi des restes de vitraux consacrés à la Passion et à la Vie de la sainte Vierge. Parmi les statues, on trouve celles de la Vierge-Mère, saint Herbot, saint Diboan, saint Hervé, saint Michel, saint Sébastien, sainte Barbe, saint Marc et une Pietà. À signaler également dans le pavage, les armes de Guyon de Quellenec et de son épouse Jeanne de Rostrenen. Près de la chapelle se trouve les trois fontaines qui lui ont donné son nom ;
Le nombre "trois" semble jouer un rôle important dans cette contrée. Pas loin de la chapelle se trouve en effet le carrefour des Trois Croix. L'une des sources s'appelle la fontaine des Trois Maries. Il s'agit de Marie, la mère de Jésus, de Marie Salomé et de Marie de Magdala, dite Marie-Madeleine. Elles ont probablement pris la place des Matrones, ces trois déesses druidiques qui étaient représentées assises avec un enfant emmailloté sur les genoux de celle du milieu. Anatole Le Braz rapporte une bien triste légende qui lui a été contée par Jeanne Le Prat, alors gardienne de la chapelle :
Un jour, un homme portant un panier passait devant la chapelle des Trois Fontaines. Il venait juste de déposer le panier qu'une femme vint à lui demander ce qu'il transportait. « Neuf petits cochons à vendre », répondit-il. Mais la femme savait qu'il mentait et que ces neufs prétendus cochons étaient en vérité neuf petits enfants qui venaient d'être nés et que leur père, en raison de sa misère, voulaient aller noyer, car il n'était pas en mesure de subvenir à leurs besoins. La femme eut pitié et lui proposa de lui venir en aide, mais à une condition : il devait faire baptiser les enfants. Le père accepta. Et, une fois rentré chez lui, il trouva ses granges pleines. Il emmena alors ses enfants pour les faire baptiser. Et c'est alors qu'il vit une statue de la Vierge s'approcher de lui. Il tressaillit, car il reconnut dans cette statue la femme qui l’avait interpellé ! Et elle répandit autour d'elle d'innombrables pièces d'or. L'homme voulut les ramasser, mais dès qu'il en toucha une, celle-ci se transforma en poussière. Les enfants furent baptisés. Mais dès que l'eau eut coulé sur leur front, ils moururent. Abattu, l'homme rentra chez lui. Toute la moisson qui avait rempli ses granges, avait, elle aussi, été transformée, comme les pièces d'or, en poussière.
La mère de Jésus est bien cruelle, dans ce conte ! Aussi est-il probable que ce personnage incarne plutôt cette mère cruelle que l'on rencontre dans quelque légende mythologique.