ANDRE SALIOU a terminé son chemin de Saint Jacques en bouclant les 1648 km de la ville du Puy En Velay au Cap Finisterre en 40 jours. Ci-dessous les photos de son périple avec pour cette semaine le parcours du Puy en Velay à Saint Jean Pieds de Port.
Historique
Peu d'informations sont disponibles sur les chemins que suivaient jusqu'au XIe siècle les pèlerins de Saint-Jacques une fois franchies les Pyrénées. Contrairement à une idée très répandue, il n'y avait pas de chemins spécifiques pour les pèlerins ; ces derniers empruntaient les routes de tous les voyageurs. Les efforts des souverains pour l'aménagement des routes n'étaient pas réalisés particulièrement pour les pèlerins mais plutôt pour les déplacements commerciaux, fiscaux et militaires.
Nul ne sait par quel itinéraire passa exactement l'évêque du Puy, Godescalc, en 950, lorsqu'il alla à Saint-Jacques-de-Compostelle si ce n'est qu'il fit étape au monastère Saint-Martin d'Albelda (proche de Logroño).
Une indication est donnée, toutefois, dans la Chronique de Silos, rédigée en 1110 : il y est précisé que le roi de Navarre, Sanche III le Grand (1000-1035), « des Pyrénées au château de Nájera, ayant éliminé la présence païenne des terres qui les séparaient, fit passer, tout droit, le chemin de Saint-Jacques, quand, auparavant, les pèlerins faisaient le détour par l'Alava. » L'argument de l'occupation de ce territoire par les Maures est peu recevable, quand on sait que les chrétiens l'avaient reconquis depuis longtemps. Mais il est certain que, dans sa politique d'expansion vers l'Ouest, Sanche avait besoin d'un axe de communication établi, fréquenté et important entre Nájera et Burgos, pour faire passer ses troupes et qu'à ce titre il encouragea le passage, par cet axe, d'un flux de pèlerins de plus en plus important.
Avant Sanche III, les voyageurs allaient de Roncevaux à Pampelune, puis passaient par Salvatierra, Vitoria, traversaient l'Èbre près de Miranda de Ebro, gagnaient Briviesca puis Burgos.
Après Sanche III, de Pampelune, ils suivaient un itinéraire moins direct qui les faisait passer par Puente la Reina, Estella, Logroño, Nájera, Burgos. Ce chemin, stable, sûr et quasiment unique, qui allait de Puente la Reina à Saint-Jacques-de-Compostelle, fut rapidement appelé Iter francorum ou Camino francés, parce que beaucoup de pèlerins venaient du nord des Pyrénées, mais aussi parce beaucoup de Francos, clercs, moines, artisans ou marchands, vinrent s'établir le long de ce chemin qui fut une voie de peuplement plus qu'un chemin de pèlerinage.
Après Sanche III, deux rois, contemporains, jouèrent un rôle important dans l'aménagement, la consolidation et la sécurité de cette voie : Alphonse VI (1072-1109), roi de Castille, et Sanche 1er Ramirez (1063-1094), roi d'Aragon.
Alphonse VI fit supprimer des péages qui entravaient la circulation. Il encouragea la fondation d'hôpitaux à O Cebreiro, Burgos, Foncebadón. Il soutint les efforts de Santo Domingo de la Calzada dans la construction de ponts et de chaussées. Il fit venir des Francos à Sahagún, Logroño et Villafranca del Bierzo. Sous son règne, le pont de Ponferrada fut construit et le monastère de San Zoilo à Carrión de los Condes fut fondé.
Quant à Sanche Ier Ramirez (1043 - roi de Navarre en 1063-1094), il supprima également des péages, fonda Estella, aida à la création des hôpitaux de Jaca et de Pampelune, céda domaines et églises à de grandes abbayes comme Sainte-Foy de Conques et La Sauve Majeure, près de Bordeaux.
Au début du XIIe siècle, l'infrastructure du Camino Francés était créée. Au fil des événements et du temps, certains voyageurs, après l'intégration au XIIIe siècle de l'Álava et du Guipuscoa au royaume de Castille, franchissaient la Bidassoa à Irun et rejoignaient Burgos par Tolosa, San Adrián et Vitoria-Gasteiz ; d'autres suivaient la route côtière, coupée d'obstacles naturels et mal équipée. Mais toujours, le Camino francés resta cette grande voie de communication du nord de l'Espagne.
Cet itinéraire est inscrit, depuis 1993, au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il fait partie également des Itinéraires culturels européens (ICE), label créé par le Conseil de l'Europe pour promouvoir une culture européenne commune.