28 août 2023

Les chemins creux, patrimoine menacé du pays de Quimperlé

 


Quimperlé Les chemins creux, patrimoine menacé du pays de Quimperlé

Marine Forestier Partons à la découverte des chemins creux du pays de Quimperlé : utiles aux agriculteurs et à l’environnement, témoins de l’Histoire mais malheureusement menacés de disparition.

https://www.letelegramme.fr/article/2.0.2579982676




Les associations de randonnée au secours des chemins creux du pays de Quimperlé

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Par Marine Forestier

Pour notre deuxième article consacré aux chemins creux du pays de Quimperlé, nous partons à la rencontre des associations de randonnée et de leur délicat travail de réhabilitation des chemins.

« Les anciens ont la mémoire des vieux chemins », raconte Michel Charpentier, membre de l’association de randonnée Hentou Kozh à Saint-Thurien.
« Les anciens ont la mémoire des vieux chemins », raconte Michel Charpentier, membre de l’association de randonnée Hentou Kozh à Saint-Thurien. (Le Télégramme/Marine Forestier)

Tout commence par une carte. Celle d’une banque, distribuée à sa clientèle dans les années 1960 ou 1970, ou celle, encore plus ancienne, scannée aux archives départementales, à Quimper. Dans une écriture faite de pleins et de déliés, sur un papier jauni, on découvre les tracés des chemins ruraux empruntés par nos ancêtres.

Dans son bureau, Michel Charpentier indique un point sur une carte. « Là, de Kersaint, il y a un projet de sentier pour rejoindre Stang Feunteun, patrimoine de Saint-Thurien. On a bon espoir d’ouvrir ce sentier un jour. Mais, dans l’attente d’une autorisation, on peut adapter le circuit qui passe par le bourg pour faire un aller-retour à la fontaine ». Le retraité est membre de Hentou Kozh (vieux chemins, en breton), l’association de randonnée de Saint-Thurien. Son objectif : réhabiliter et pérenniser les chemins ruraux.

Sur le site geoportail.gouv.fr on peut retrouver les chemins sur des cartes anciennes.
Sur le site geoportail.gouv.fr on peut retrouver les chemins sur des cartes anciennes. (Capture d’écran Le Télégramme/Marine Forestier)

Des conventions avec les particuliers

Dans sa commune, Hentou Kozh considère qu’elle a quasiment fini de découvrir de nouveaux sentiers. Ceci grâce à un persévérant travail d’archives et d’enquête. « On parle aux anciens, car ils ont la mémoire des chemins », raconte Michel Charpentier. Reste ensuite à trouver qui en est propriétaire : la commune ou un particulier. Si c’est la commune, Hentou Kozh peut se mettre au débroussaillage. Si c’est un particulier, vient alors une phase de négociation.

« Il faut demander aux propriétaires une autorisation de passage sur leurs terres. S’ils sont d’accord, on établit une convention. On peut commencer par une autorisation de passage pour trois ans, reconductible, ou par une autorisation ponctuelle, pour notre grande randonnée du 1er mai par exemple », explique Michel Charpentier.

Le hic, c’est quand on découvre qu’un chemin communal a été en partie endommagé, par un propriétaire souhaitant augmenter la taille de son champ par exemple. Pour les associations de randonnée, il faut alors user de diplomatie. « Si l’on rencontre une opposition, on ne cherche pas la polémique. On trouve un autre chemin », précise Michel Charpentier. « Il ne faut pas trop s’opposer aux agriculteurs », glisse un membre d’une association de randonnée du pays de Quimperlé.

Un défi : trouver de nouvelles forces vives

Maryse Drouglazet, présidente de Kemperle Rando, admet qu’une « crispation existe ». Son mari Roland, responsable du balisage pour la Fédération française de la randonnée pédestre, pointe du doigt certains randonneurs : « On oublie que les chemins appartiennent souvent aux agriculteurs. Les mauvaises pratiques se multiplient, avec des déchets ou des légumes volés par les marcheurs. On se retrouve à faire passer les circuits par le bitume ».

Quand la diplomatie opère, reste aux associations l’entretien de ces chemins et, là aussi, ce n’est pas coton. Les communes subventionnent les associations. « Sans nous, il faudrait un demi-poste d’employé municipal à l’année », estime Pascal Jubault, de l’association Nature et patrimoine de Querrien. L’élagage et le débroussaillage, l’entretien courant, demandent des forces vives. Et surtout du sang neuf. Car les associations de randonnée peinent à renouveler leurs adhérents. Toutes les bonnes volontés sont donc appelées à se manifester.