10 mai 2013

JEUDI 9 MAI ( PONTIVY A ROHAN)



Bonjour
Aujourd’hui, après avoir passé une soirée Royale chez mon frère à Noyal Pontivy, nous nous apprêtons à faire la distance de Pontivy à Saint Samson.Ce jour seulement 23 km au compteur et nous sommes accompagnés cette fois de mon frère Marcel, de sa femme et de Marcel Kerhino venu de Baud pour nous soutenir. Au programme l’échelle d’Hilvern. Le canal va franchir une colline avec 50 écluses, une prouesse technologique pour l’époque. Puis nous passerons la nuit sous tente à Saint Samson avant de rejoindre demain Josselin.
En quelques lignes, voici des écrits de ce qu’est le canal à cet endroit du parcours
(Extrait de « de saint Félix à Guili-Glaz » par JBourbigot 2000)
Lorsque le canal quitte l’Oust, nous sommes à 68 mètres d'altitude et à partir de cet endroit, il va monter à 129 mètres au-des­sus du niveau de la mer, soit 61 mètres en 5,5 kilomètres. C’est im­pressionnant quand il s’agit d’un cours d’eau !
Chaque barreau est un palier et pour at­teindre le sommet de cette échelle il n’y aura pas moins de 24 marches.
Chaque écluse fait environ 25 mètres 70 de long pour 4 mètres 70 de large et l’eau qu’elle contient fait à chaque passage un bon d’environ 2 mètres 50. Quand on se sert de l’écluse, c’est trois cents mètres cube d’eau qui sont déplacés.
Pour construire toutes ces retenues, il a fallu des tonnes et des tonnes de pierres dont la taille paraît démesurée pour les moyens dont disposaient les ouvriers de l’époque, certaines devant peser plus d’une tonne.
Pourtant, comme les églises et bien d’autres monuments, elles sont encore là pour témoigner du courage et du savoir-faire de nos ancêtres.
Le chemin de halage monte par palier, et juste au moment de l’écluse, il se cabre. Le sentier relativement plat fait un bon de 2 mètres 50. Cette répétition se fait tous les trois cents mètres, tout le temps que dure les cinq kilomètres et demi de montée.
Entre chaque écluse, il y a aussi beau­coup de petits étangs qui jouxtent le canal et qui sont en fait autant de tampons pour maintenir un niveau d’eau constant dans les sas.
Enfin, tout là haut, à 124 mètres du ni­veau de la mer, un arrêt est obligatoire pour se retourner et regarder vers le bas les bar­reaux de l’échelle d’Hilvern.
Maintenant, nous roulons sur la partie plane à son sommet.
A droite, on y voit le dé­bouché de la rigole d’Hilvern qui auparavant nourrissait le bief de partage des eaux.
Maintenant, se sont de puissantes pompes installées sur le Blavet à 11 kilomè­tres de là, sur la portion désaffectée qui va de Pontivy à Mûr-de-Bretagne, qui occupent cette fonction.
Nous sommes à présent à l’orée de la forêt de Branguilly, sur le site du bief de partage des eaux.
La rigole d’hilvern :

Avant qu’il ne soit alimenté par des pompes électriques, l’eau arrivait tout sim­plement par gravité, en circulant dans "la rigole d’Hilvern ". Elle prend son départ du barrage de Bosméléac, sur l’Oust, près d’Uzel, dans les Côte d’Armor (22) à 128 mètres d’altitude.
Les ingénieurs de l’époque lui avaient tracé un chemin descendant avec une pente régulière de 3 centimètres tous les 100 mè­tres, d’une longueur de 62,5 kilomètres jusqu’au canal, à saint Gonnery dans le Mor­bihan. Son profil est trapézoïdal, le fond de la rigole mesure 1.20 mètres pour 4.20 mè­tres à son sommet. La désaffection du canal depuis la construction du barrage de Guerlé­dan, puis du barrage de Bosmèlac, firent qu’elle resta longtemps à l’abandon.
La nature petit à petit reprit ses droits et la voie d’eau se retrouva bien vite envahie par les ronces et les fougères. Le lit de la ri­gole fut partiellement anéanti par cette végétation destructrice qui mit à mal le lit d’argile qui en assurait l’étanchéité. Des tentatives de nettoyage du site par des moyens mécaniques ne firent qu’aggraver la situation.
Mais une association de sauvetage de la rigole œuvre depuis quinze ans pour sa restauration et le président de cette association ne désespère pas.
Son action est prise au sérieux. Des essais pour étancher la rigole ont déjà eu lieu et ce procédé semble efficace. Si les essais s’avèrent concluants, les travaux estimés à 3.04 millions d’euros (20 millions de francs) pour l’ensemble de la rigole pourrait démarrer et la remise en eau de la totalité de l’ouvrage pourrait se faire vers 2004-2005.
Maintenant nous sommes sur le plat au sommet de l’échelle. Les eaux du bief sont calmes et paisibles, le lieu invite à la flânerie.
Nous arrêterons un moment notre avancée pour écouter la nature. A l’orée de cette forêt, pas un bruit civilisé, seulement le bruissement de l’eau, le souffle du vent qui aujourd’hui s’est fait presque musique aux travers du feuillage des hautes cimes qui surplombent la voie d’eau.